22/04/2015

There's somethin' wrong with the world today

Ce n'est pas toujours évident de vendre des livres jeunesse. Pas forcément à cause des thèmes abordés, de la difficulté à trouver le truc qui va plaire à l'acheteur, mais plutôt à cause des idées fixes insupportables des parents (j'emploie ce terme pour désigner la famille au sens large). Entre ceux qui veulent absolument que le héros soit un garçon parce que le livre sera lu par un garçon, ceux qui estiment que le rose ou les paillettes (malheureusement trop présents sur les ouvrages de ma chouchoute Jacqueline Wilson) sont synonymes d'histoire neuneu, et ceux qui veulent que les enfants lisent ce que eux, ils aiment, on n'est pas sorti...


Je ne supporte pas ces catégories d'acheteurs. Déjà parce que c'est d'un égoïsme fou que de choisir un truc qui nous plaira à nous avant tout (sans réellement se soucier des goûts et envies de l'enfant), mais aussi car c'est synonyme d'esprit étriqué qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Et c'est pas très encourageant pour le futur.


Je suis contre le fait de genrer, de caser dans des boîtes, de disséquer pour mieux vendre à une certaine catégorie de personnes, j'en passe et des meilleures. J'ai toujours été fan de pirates, et de playmobils belle époque, et de camion de pompiers, et de paillettes... Suis-je débile pour autant? Je ne crois pas. Mes parents ont toujours écouté les avis des vendeurs (valable en musique aussi) selon ce que j'avais déjà aimé, pour trouver la bonne chose. Ils ne se sont jamais trompés. Je sais que j'ai une chance incroyable, mais ça me choque, justement, que ce soit considéré comme une chance. Ce devrait être la norme. On offre pour faire PLAISIR à l'AUTRE, par pour se donner bonne conscience, pour se faire plaisir à soi-même ou pour imposer des visions de la vie. 


Non, ce n'est pas parce que "Mr Stink" de David Walliams met en scène une petite fille que ça en fait un roman genré, mauvais pour les garçons. Non, les paillettes de Jacqueline Wilson ne signifient pas qu'on est en face d'une littérature stupide et cucul la praline (et alors, d'ailleurs, si c'est ce que l'enfant aime? Il aura tout le temps, plus tard, de découvrir d'autres choses). Non, on ne devient pas un serial killer en lisant des romans d'horreur (RL Stine, je t'aime, tu es mon héros). Empêcher un enfant de lire ce qu'il aime, lui imposer ses choix (alors que c'est déjà le cas à l'école), critiquer ses goûts, c'est le meilleur moyen de le dégoûter de la lecture. Alors quand on me dit : "il ne lit rien, à part des mangas, j'en peux plus", je réponds : "au moins, il lit, laissez-lui le temps de découvrir d'autres choses, ça viendra tout seul".

*Living On The Edge - Aerosmith

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